Le régime mauritanien de sécurité sociale

2022

A. Généralités

1) Structure

Le régime mauritanien de sécurité sociale des travailleurs salariés comporte les branches suivantes :

Il ne couvre pas le risque chômage.

L'employeur est tenu, dans le cadre du droit du travail, d'assumer le paiement des indemnités journalières en cas de maladie.

Les indemnités journalières de maternité sont servies dans le cadre des prestations familiales.

Suite à la Loi 2012-007 portant extension du régime d'assurance maladie, le régime d'assurance maladie pour les salariés des institutions publiques a été étendu aux :

Depuis le 22 février 2021, la Loi 2021-007 rend l'affiliation au régime de sécurité sociale de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) obligatoire pour les travailleurs soumis aux dispositions du Code du Travail ou au Code de la Marine marchande ainsi que pour :

2) Organisation

La Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS), établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC), doté de la personnalité morale et jouissant de l'autonomie financière est en charge, sous la tutelle du ministère de la Fonction Publique et du Travail, de la gestion des branches suivantes :

Par ailleurs, elle dispose de 9 agences régionales situées à Aioun, Akjoujt, Atar, Kaédi, Kiffa, NDB, Rosso, Sélibabi, Zouerate. 

La Caisse Nationale d'Assurance Maladie (CNAM), gère le régime d'assurance maladie, sous tutelle du ministère de la Santé.

L'Office National de la Médecine du Travail, chargé de la médecine du travail, supervise le programme des services médicaux d'entreprises ou d'interentreprises fournit aux employés de toutes entreprises soumises au code du travail.

3) Financement

Fiche de cotisations.

B. Assurance maladie

Bénéficient du régime obligatoire d'assurance maladie toutes personnes immatriculées à la CNAM :

Les personnes bénéficiant du régime d'assurance maladie en tant qu'ayants droit sont :

Maintien de droits

Les personnes qui cessent de remplir les conditions pour relever, soit en qualité d'assurés, soit en qualité d'ayants droit, du régime d'assurance géré par la CNAM, bénéficient à compter de la date à laquelle ces conditions ne sont plus remplies, du maintien de leur droit aux prestations pendant une période maximum de 6 mois.

Les ayants droits de l'assuré décédé qui ne bénéficient d'aucun régime d'assurance maladie, à quelque titre que ce soit, continuent de bénéficier, pendant une période de 2 années, des prestations du régime maladie.

1) Soins

La Mauritanie s'est engagée dans la stratégie mondiale 2.0 pour la santé des femmes, des nouveau-nés, des enfants et des adolescents pour la période 2015-2030 dont le cadre opérationnel est matérialisé à travers des actions soutenues en faveur de la Santé Reproductive, Maternelle, Néonatale, Infantile et des Adolescents (SRMNIA).

Les soins et prestations de santé comprises dans ce cadre sont notamment :

L'assurance maladie obligatoire donne droit au remboursement ou à la prise en charge directe des frais de soins préventifs, curatifs, et de réhabilitation, à hauteur de :

Le ticket modérateur (part restant à la charge de l'assuré) ne doit pas dépasser les plafonds mentionnés ci-dessus, auquel cas la CNAM rembourse le dépassement à l'assuré ou paie la différence à la structure médicale, soit :

2) Evacuation sanitaire

Tout assuré ayant contracté une maladie qui ne peut être soignée sur le territoire est évacué à l'étranger.

Pour obtenir une évacuation sanitaire, le patient doit présenter son dossier médical auprès de la CNAM. Cette dernière vérifie et transmet le dossier au Conseil National de Santé qui statue sur la nécessité ou non de l'évacuation.

La CNAM délivre ensuite une prise en charge vers un prestataire étranger conventionné ainsi qu'un titre de transport.

L'intégralité des frais de transport, de soins, d'hospitalisation, d'interventions chirurgicales, d'examens, d'analyses et de médicaments sont pris en charge par la CNAM.

3) Indemnités journalières de maladie

Dans le cadre du Code du travail, l'employeur assume le paiement des indemnités journalières en cas d'accident ou de maladie non professionnelle dûment constaté par un médecin agréé, pendant une durée d'absence limitée à 6 mois. Ce délai peut-être prorogé.

C. Vieillesse, invalidité, décès (survivants)

Sont couverts tous les travailleurs salariés, y compris les travailleurs temporaires et occasionnels (cf. A.1).

Les travailleurs indépendants ne sont pas couverts pour les risques vieillesse, invalidité, décès.

Les pensions peuvent être versées, selon les régions, mensuellement ou trimestriellement.

1) Pension de Vieillesse

Conditions

Pour bénéficier d'une pension de vieillesse, l'assuré doit remplir les conditions suivantes :

Montant

La pension de vieillesse est égale à 20 % du salaire moyen perçu au cours des 3 ou 5 dernières années, la solution la plus favorable pour l'assuré étant retenue. Elle est augmentée de 1,33 % par tranche de 12 mois d'assurance accomplie au-delà de 180 mois jusqu'à 80 %.

Le montant maximum du salaire moyen pris en compte pour le calcul de la pension est égal au plafond mensuel des cotisations.

La pension ne peut être inférieure à 60 % du SMIG ni  être supérieure à 80 % de la rémunération moyenne de l'assuré.

Versement unique

L'assuré qui ne satisfait pas aux conditions requises pour percevoir une pension de vieillesse a droit à une allocation de vieillesse versée en une seule fois qui représente un mois de salaire par année de cotisations, à condition :

Elle est calculée selon la moyenne des salaires perçus au cours des 3 ou 5 dernières années. Le montant maximum du salaire moyen pris en compte pour le calcul de l'allocation est égal au plafond mensuel des cotisations.

2) Invalidité

Conditions

L'assuré qui devient invalide avant d'atteindre l'âge de la retraite (63 ans) a droit à une pension d'invalidité s'il remplit les conditions suivantes :

Montant

La pension d'invalidité est égale à 20 % du salaire moyen perçu au cours des 3 ou 5 dernières années, la solution la plus favorable pour l'assuré étant retenue. Elle est augmentée de 1,33 % par tranche de 12 mois d'assurance accomplie au-delà de 180 mois jusqu'à 80 %.

Le montant maximum du salaire moyen pris en compte pour le calcul de la pension est égal au plafond mensuel des cotisations.

La pension ne peut être inférieure à 60 % du SMIG.

Le montant de la pension est majoré de 50 % si l'assuré a besoin de l'assistance d'une tierce personne.

Lorsque l'assuré atteint l'âge de 63 ans, la pension d'invalidité est remplacée par une pension de vieillesse du même montant.

3) Décès (survivants)

Peuvent bénéficier d'une pension, les ayants droit de l'assuré décédé qui était pensionné ou qui remplissait les conditions requises pour bénéficier d'une pension ou qui justifiait de 180 mois de cotisations.

Sont considérés comme ayants droit, les survivants suivants :

Montant

Les pensions de survivants sont calculées en pourcentage de la pension à laquelle l'assuré avait ou aurait eu droit à la date du décès, à raison de :

Le droit à pension du conjoint s'éteint en cas de remariage. Dans ce cas, le conjoint survivant perçoit une allocation de remariage représentant 6 mensualités.

Le montant de la pension d'orphelin ne peut en aucun cas être inférieur à celui des allocations familiales.

Le total des pensions de survivants ne doit pas dépasser 100 % de la pension de l'assuré.

Allocation de survivant

Si l'assuré décédé ne pouvait prétendre à une pension et comptait moins de 180 mois d'assurance à la date du décès, son conjoint survivant bénéficie d'une allocation de survivant, versée en une seule fois, d'un montant égal à une mensualité de pension qui aurait été due à l'assuré par tranche de 6 mois d'assurance.

D. Accidents du travail, maladies professionnelles

Les travailleurs indépendants ne sont pas couverts pour les risques accidents du travail - maladies professionnelles.

Aucune condition préalable de stage n'est requise pour l'attribution des prestations.

L'employeur doit déclarer l'accident ou la maladie dans les 48 heures. Les prestations servies comprennent :

1) Soins

A l'exception des soins de première urgence qui sont à la charge de l'employeur, les soins médicaux sont fournis par la CNSS ou par les établissements choisis parmi les formations officielles et les formations privées agréées par les autorités médicales, auquel cas les soins font l'objet d'un remboursement sur la base du tarif forfaitaire établi par voie d'accord entre ces établissements et la caisse.

2) Incapacité temporaire

La rémunération de la journée au cours de laquelle le travailleur a cessé son travail est intégralement à la charge de l'employeur.

L'indemnité journalière est versée dès le lendemain de l'accident et son montant est égal aux 2/3 de la rémunération journalière moyenne de la victime jusqu'à sa complète guérison.

3) Incapacité permanente

Rente d'incapacité permanente

En cas d'incapacité permanente totale dûment constatée, la victime a droit à une rente égale à 85 % de sa rémunération moyenne mensuelle.

La pension est majorée de 50 % si l'intéressé a besoin de l'assistance d'une tierce personne.

La victime atteinte d'une incapacité partielle permanente a droit à une rente lorsque le degré de son incapacité est égal ou supérieur à 15 %.

Le montant de la rente d'incapacité permanente partielle est, selon le degré d'incapacité, proportionnel à celui de la rente à laquelle la victime aurait eu droit en cas d'incapacité permanente totale.

Allocation d'incapacité

L'allocation d'incapacité est versée en une seule fois lorsque le degré de l'incapacité est inférieur à 15 %.

Son montant est calculé en multipliant par 3 le montant annuel de la rente correspondant au degré d'incapacité de la victime.

4) Décès (survivants)

En cas du décès de la victime, les ayants droits ont droit :

Les rentes de survivants sont fixées à raison de :

Le total des pensions de survivants ne doit pas dépasser 100 % de la pension de l'assuré.

La rente d'orphelin peut se cumuler avec les allocations familiales.

L'allocation de frais funéraires est égale à 30 fois la rémunération journalière moyenne.

E. Prestations familiales

Les travailleurs indépendants n'ouvrent pas de droit aux prestations familiales.

La branche prestations familiales comprend :

Elles couvrent les travailleurs salariés ayant au moins un enfant ainsi que les bénéficiaires de pension de vieillesse ou d'invalidité.

1) Indemnités journalières de maternité

Les indemnités journalières de maternité sont servies sous réserve que l'intéressée justifie de 54 jours ou 360 heures de travail au cours des 3 derniers mois civils.

Elles représentent 100 % du salaire journalier moyen des 3 mois précédant l'arrêt de l'activité et sont versées pendant 14 semaines dont 6 avant l'accouchement et 8 après, à toute femme qui cesse son activité salariée à l'occasion d'une maternité.

2) Prestations familiales

Généralités

Les travailleurs bénéficient des prestations familiales à condition :

Les prestations familiales comprennent les allocations prénatales, la prime de naissance, les allocations familiales.

Allocations prénatales

Le droit aux allocations prénatales est reconnu à toute femme salariée ou conjointe d'un travailleur salarié pour les 9 mois précédant la naissance, à condition :

Elles s'élèvent à 216 MRU et sont versées en 3 fractions.

Prime de naissance

Cette prime est versée à la naissance des 3 premiers enfants à condition que la mère et l'enfant aient passé les examens médicaux réglementaires.

Le montant de la prime est de 288 MRU pour chacune des naissances.

Allocations familiales

Ouvrent droit aux allocations familiales les enfants à charge :

Elles s'élèvent à 30 MRU par enfant et par mois.